Page:Grave - La Grande Famille.djvu/233

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

mer sa haine du métier, et une fois sur ce thème, il était intarissable, faisant ses confidences à l’oreille de Mahuret, son voisin habituel, qui l’écoutait par complaisance.

— Comment disait le premier, ils sont sur un terrain qu’ils connaissent, sur lequel nous avons manœuvré plus de cinquante fois depuis cet hiver, et ils trouvent encore le moyen de s’y perdre ; juge un peu de ce qui arriverait si, réellement, nous avions été en campagne, dans un pays qu’ils n’auraient jamais vu. Pas un de nous n’en serait sorti. De sorte qu’en guerre, nous nous faisons tuer, non seulement pour défendre la propriété des autres, mais aussi, je le crains bien, par la stupidité de ceux qui nous commandent.

Les revanchards parlent de la réorganisation de l’armée, des études sérieuses de nos officiers ! Mince alors ! S’ils les voyaient à l’œuvre, ils en rabattraient de leurs dithyrambes. L’armée ne peut produire que des abrutis : les officiers comme le simple soldat. Il ne faut pas lui demander autre chose.

— Tiens ! vois-tu, le talent des généraux c’est de la blague. Le gain des batailles dépend de leur manque de qualités humaines et non des qualités intellectuelles qu’ils pourraient avoir : s’ils n’ont pas crainte de faire tuer autant d’hommes qu’il