Page:Grave - La Grande Famille.djvu/26

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

vous annonçant cela, que l’on allait se coucher bien convaincu que la punition ne serait jamais portée. Et ce n’était jamais sans une stupéfaction profonde que la victime des plaisanteries de cet ivrogne entendait au rapport que, non seulement les quatre jours avaient bien été portés, mais étaient libellés de telle façon, qu’il était rare qu’ils ne fussent pas portés à huit ou à quinze jours, par le capitaine ou le colonel.

— Ceux qui ont des mandats à toucher, viendront me trouver, après la soupe, pour descendre à Brest chez le vaguemestre, cria-t-il, d’une voix enrouée par l’alcool.

— Tiens ! ricana Mahuret qui revenait de la cantine, c’est Loiseau qui est de semaine ; s’il y a une bonne tête parmi ceux qui ont de l’argent à toucher, il faudra le boulotter ou coucher à la boîte. Si le pigeon est ici, tu ne vas pas tarder à voir rappliquer Bouzillon, c’est le rabatteur quand Loiseau est de semaine… Tiens !… quand je te disais… regarde-le là-bas qui s’amène… la comédie va commencer.

Bouzillon, sans faire semblant d’avoir vu Loiseau, s’était avancé dans la chambrée, inspectant à droite, à gauche, lançant une blague d’un côté, une engueulade de l’autre ; trouvant un paquetage mal fait, un fusil sale, des souliers mal cirés.