Page:Grave - La Grande Famille.djvu/269

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grande pour en saisir toute la portée, et, du reste, ils étaient venus pour s’amuser et non pour faire de la sociologie.

Caragut qui, avant de venir à Brest, n’était jamais sorti de Paris, n’avait pas les yeux assez grands pour admirer les échappées de paysage que lui découvraient les accidents de terrain. Ses camarades marchaient un peu à la débandade, le laissant aller seul, comme s’ils avaient la vague appréhension d’être encore « rasés ». Il pouvait donc, à son aise, s’arrêter aux coins qui le ravissaient, aux carrefours, passer l’inspection des calvaires de granit dont quelques-uns étaient ciselés comme de vrais bijoux.

Les habitants du pays qu’ils croisaient sur la route, attiraient aussi son attention. Ce n’étaient plus ces Bretons sombres des environs de Brest, habillés de noir, coiffés de chapeaux de feutre noir, enrubannés de velours également noir, et dont la mise plus ou moins délabrée annonce la misère.

Ici, c’étaient des pêcheurs à la culotte de coutil blanc, vêtus de gilets et de vestes de diverses couleurs gaies, enjolivées de boutons de métal, plats, chevauchant les uns sur les autres, en une seule ligne du haut jusqu’au bout de la veste ou du gilet. Sur leurs épaules pendait le long bonnet de laine