Page:Grave - La Grande Famille.djvu/272

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

pour varier le plaisir, il s’agissait de prendre un chemin différent de celui par lequel on était venu. Mahuret, qui connaissait parfaitement la localité, se chargea de les ramener de bonne heure à la caserne tout en leur faisant voir de nouveaux sites.

Brossier marchait en tête avec ses trois pays, chantant des refrains de leur village, s’arrêtant, lorsqu’ils se trouvaient à un carrefour pour demander à Mahuret le chemin à prendre.

Mahuret, Caragut et le Lyonnais, s’entretenaient de ce qu’ils avaient vu, échangeant les réflexions que leur inspiraient les objets qui les intéressaient sur la route, pendant que leur arrivaient les éclats de voix des chanteurs :

Les maires et les préfets
Sont des vilains cadets,

bis

Ils nous font tirer au sort,
Tirer au sort

bis

Pour nous conduire à la mort.

Et, insensiblement, la conversation retombait sur la question qui les tracassait le plus : les ennuis du métier, et le désir d’en avoir fini.

Il était près de six heures lorsqu’ils arrivèrent à la caserne. Ils trouvèrent sous leur lit, leur gamelle que leurs camarades, selon leur promesse, avaient mise en réserve. Caragut auquel il restait deux sous proposa d’en mettre chacun autant pour