Page:Grave - La Grande Famille.djvu/281

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de garde où chacun se débarrassa de son sac et de son fusil, s’installant de son mieux.

Les uns se jetèrent sur le lit de camp, d’autres commencèrent l’inévitable partie de poule qui était, en ce temps-là, au quartier, la distraction de ceux qui avaient de l’argent ; pendant que le reste se groupait autour des joueurs, discutant des coups.

Caragut devait prendre la faction quatre heures plus tard. Il avait bien apporté de quoi lire, mais, attiré par le mouvement du port, il descendit prendre l’air à la porte, où, assis sur un banc, il suivit de l’œil l’interminable défilé d’ouvriers, marins et soldats qui animent le port.

Curieux, en effet, à voir s’agiter cette fourmilière de travailleurs, habillés de pantalons et de vareuses en toile à voile portant imprimées, sur le dos, de grosses lettres hautes de 10 centimètres : D. P. (Direction du Port) ou C. N. (Constructions Navales), avec d’autres lettres ou chiffres de même grandeur dont l’ensemble formant le matricule de l’ouvrier qui porte cette casaque de forçat, affecte, à peu près, la disposition ci-jointe : le pantalon reproduit cette disposition.

De sorte que, si un ouvrier pris en défaut par un ingénieur, un surveillant ou un gendarme, arrivait à leur échapper, il est ainsi facile de le désigner à l’administration