Page:Grave - La Grande Famille.djvu/318

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éclata, il ne parlait rien moins que de tout foutre à la boîte : sergents et caporaux n’étaient bons à rien, ils ne s’occupaient pas de leurs hommes, ni de ce qui se passait dans les chambrées… Il allait leur apprendre de quel bois il se chauffait…

Quant à l’auteur de l’incident, il se tenait coi, au pied de son lit, d’où il n’avait osé bouger de peur d’attirer sur lui l’orage qui éclatait, en ce moment, sur d’autres. Mais ce n’était qu’un répit. Quand il eut bien déversé sa bile sur le clan des sous ordres, le capitaine s’achemina vers lui.

— Qu’est-ce qui m’a foutu un cochon de votre espèce ? hurla-t-il, s’excitant à gueuler. Bougre de rosse, ne vous avait-on pas défendu de rien cacher dans votre lit ?… Pourquoi avez-vous mis du linge sale dans votre paillasse ?… Dites ?… espèce de salaud ?… Allez-vous répondre, nom de Dieu ?…

— Mon capitaine, c’est que…, balbutia le soldat, terrifié, esquissant un essai de justification.

— Voulez-vous vous taire, bougre de mufle ! Vous osez répondre, vous avez le toupet de répliquer encore !… Chef, vous lui collerez quinze jours de salle de police à ce salopiaud-là, pour lui apprendre que les lits ne sont pas faits pour servir d’armoires.

Tous les hommes de la compagnie restaient im-