Page:Grave - La Grande Famille.djvu/328

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

la salle, faisant l’appel des noms, s’arrêtant à chaque lit, réveillant les dormeurs, continuant imperturbablement leur tournée au milieu des éclats de rires des uns, des grognements des autres.

La « ronde-major » terminée, on passa à d’autres exercices aussi délicats : celui, par exemple, qui consiste à planter un cornet de papier entre les fesses d’un type qui se met à marcher à pas comptés, tandis qu’un autre cherche à mettre le feu au papier. Le cornet suivant les mouvements de celui qui le porte, vacille à chacun de ses pas, l’autre le poursuit avec sa chandelle allumée. Très drôle, paraît-il, cette farce, de tradition dans l’armée.

Mais elle eut vite lassé nos garnements, ayant le tort, d’abord, de ne pas faire assez de bruit, la plupart des hommes de la chambrée s’étaient rendormis. Balan, Bouzillon et Luguet s’avisèrent de culbuter quelques lits, les renversant sens dessus dessous, au risque d’assommer les dormeurs sur le carreau.

Les lits étaient en fer, ne se démontant pas, accouplés deux à deux dans l’espace compris entre deux fenêtres.

Pour les renverser, il fallait se mettre dans le créneau formé par chaque couple de lits, prendre la couchette au milieu par le bord opposé, en glissant les bras en dessous, la tirer à soi d’une vingtaine