Page:Grave - La Grande Famille.djvu/333

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Ce que Caragut avait prévu s’accomplit à la lettre. Nos poivrots qui avaient perdu du temps à se procurer leurs ustensiles, sans faire attention au conciliabule dont ils étaient l’objet, toute la chambrée du reste étant sur pied, n’avaient pas encore eu le temps d’opérer. Au cri de « Fixe ! » celui qui tenait la chandelle, pris de peur, la jeta par terre où elle s’éteignit. Chacun se tira de son côté : ce fut une véritable envolée.

Caragut qui avait enlevé son couvre-pied, et ne perdait pas Balan de vue, d’un bond fut sur lui, lui jetant le couvre-pied sur la tête, et lui emmaillotant les bras, tout en le maintenant sur le lit de Yaumet où il l’avait renversé, Mahuret et Perry lui empoignèrent chacun une jambe pendant que Grosset qui s’était préalablement armé d’une patience et d’une brosse qu’il avait trempée dans une gamelle à cirage presque liquide, se mit en devoir d’astiquer consciencieusement.

Voici en quoi consiste l’opération :

Pour astiquer les boutons d’uniforme, l’État fournit à chaque soldat une petite planchette large de 4 à 5 centimètres, longue de 35 à 40, épaisse de 2m/m environ. Cette planchette est creusée longitudinalement d’une fente, large de 2 à 3 millimètres, terminée à une de ses extrémités par une ouverture circulaire, assez large pour donner pas-