Page:Grave - La Grande Famille.djvu/51

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

le mouvement s’il n’était suffisant pour réchauffer, empêchait au moins d’être complètement gelé en activant la circulation du sang.

Mais les longues pauses à écouter l’explication des mouvements ! ce sacré fusil dont le canon glace les doigts, tout en ankylosant le bras et qu’il faut tenir en avant, comme si l’on menaçait un ennemi présent, la pointe de la baïonnette à hauteur de l’œil, pendant que les jambes écartées fléchissent sous le poids du corps qu’elles portent à faux puisqu’on a pour consigne d’écarter les genoux et de plier les cuisses comme pour s’asseoir !

La neige tombait toujours drue et froide, cinglant les visages, s’attachant aux vêtements, se fondant à la chaleur du corps qu’elle enveloppait d’une humidité glaciale.

Caragut ne dérageait pas. Par moments l’envie le prenait de jeter son fusil dans la cour et de se refuser à la manœuvre coûte que coûte. N’était-ce pas idiot-de les tenir ainsi, sans nécessité aucune ? Mais, il se raisonnait, soutenu par l’espérance toujours logée en quelque coin du cerveau de l’homme, se disant que ses misères auraient une fin ; mais le moindre choc eût suffi pour donner lieu à l’explosion.

De sa voix aigrelette, Bouzillon rectifiait les positions :