Page:Grave - La Grande Famille.djvu/59

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d’avancement, cet éternel refrain de ceux qui sont pris dans l’engrenage hiérarchique.

Puis, ce fut sur l’insuffisance de la solde et les difficultés de leur existence. La plupart étaient sortis des rangs, sans aucune fortune personnelle, ils étaient forcés de vivre avec la paie que leur allouait le gouvernement, tout en cherchant à garder le degré de présentation que l’on exigeait d’eux.

Ce qu’ils ne disaient pas, mais ce que l’on sentait percer sous les réticences des récriminations, c’est que, forcés de s’endetter, ils aspiraient après un grade supérieur autant, sinon plus, pour l’augmentation de solde que pour le grade lui-même.


Midi sonnait quand la tête de la colonne s’engagea dans la principale rue d’un petit village de pêcheurs, dont on apercevait, depuis quelques instants déjà les maisons. Cette rue qui descendait à la mer, formait un couloir où s’engouffrait une bise glaciale.

À l’approche du village, la colonne avait dû reprendre le pas accéléré, au son du clairon. Arrivés au milieu de la rue le commandant fit sonner la halte ; les hommes s’arrêtèrent en faisant front ; les officiers ordonnèrent aux compagnies de s’aligner en reculant contre les maisons afin de laisser le passage aux voitures. Puis, quand les rangs eurent