Page:Grave - La Grande Famille.djvu/94

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Il était tombé sur une œuvre de Paul Féval : Monsieur Cœur, rien de plus idiot, aussi, au bout de vingt minutes de cette lecture, où il avait essayé vainement de débrouiller un inextricable écheveau de situations plus invraisemblables les unes que les autres, laissa-t-il échapper le bouquin, s’absorbant complètement dans les pensées qui l’obsédaient.


Il se remémorait sa vie passée : une enfance incolore, rehaussée seulement des taloches et des rebuffades d’un père autoritaire, durement élevé lui-même et convaincu que l’enfant ne doit pas avoir d’autre volonté que celle du père.

À onze ans et demi, on le retirait de l’école pour le mettre en apprentissage chez un mécanicien où il s’employait à tourner une roue, travail qui aurait exigé la force d’un homme. Au bout de trois mois de ce régime on était forcé de le reprendre tellement il était devenu sec et maladif.

Un voisin, cordonnier, le voyant inoccupé le demandait pour lui aider en attendant qu’il fût placé, et il finissait par rester dans le métier.

Mais le nouveau patron, pochard en diable, tirant des bordées qui duraient parfois quinze jours, on dut le mettre chez un troisième. Il en fit ainsi plusieurs qui, tous, selon la règle du reste, ne