Page:Grave - La Société future.djvu/101

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Le remplacement de l’ouvrier homme, par l’élément femme et enfant, la facilité de l’apprentissage, ne sont pas les seules raisons du chômage, elles n’en sont que les moindres causes.

La machine, avec dix, vingt, trente ouvriers, fait le travail qui en aurait nécessité autrefois trente, cinquante, cent. Certaines modifications permettent, parfois, de faire avec un ou deux hommes le travail de plusieurs centaines. Où il fallait autrefois à l’industriel six mois pour répondre à une commande, il sera prêt, maintenant, à la livrer en quinze jours, avec moitié moins de monde.

Autrefois, l’industriel était forcé de fabriquer d’avance pour être en mesure de répondre aux commandes qu’il prévoyait, c’était une raison pour lui de ménager son personnel afin de l’avoir, toujours là, sous la main, cela amortissait les causes de chômages ; son outillage mécanique étant des plus rudimentaires, il lui fallait pouvoir compter sur un personnel exercé, les commandes, même, faiblissaient-elles un peu, il était forcé de s’ingénier pour garder son personnel.

Il n’en est plus de même. Avec les machines qui remplacent des centaines d’ouvriers, avec l’innombrable armée des sans-travail qui attend, tous les matins, à la porte de l’usine, le capitaliste n’a plus besoin de s’inquiéter de ceux qu’il met sur le pavé aux temps de disette. Une commande se produit-elle ? Vite on embauche dix, vingt, cent travailleurs, selon les besoins. La commande exécutée, aucune autre n’est-elle venue ? c’est bien, on met tout le monde à la porte. Et le dur pèlerinage à travers les rues. La longue station, à la porte des usines, aux heures de