Page:Grave - La Société future.djvu/138

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oppressive à son tour, et cherchait à barrer la route aux idées nouvelles, jusqu’à ce que l’évolution des connaissances humaines suivant son cours, une révolution nouvelle vînt la chasser à son tour et faire la place à une vérité meilleure.

Il serait temps, croyons-nous, de briser ce cercle vicieux. La terre est assez grande pour nous abriter tous et donner, à chacun, l’espace nécessaire à son évolution. Il y a place pour tous au soleil ; si nous voulons que l’évolution se fasse, pacifiquement, dans la voie du progrès, il faut briser ce qui l’entrave dans sa marche, ce qui occasionne les à-coups. Il n’y a pas de majorité respectable lorsqu’elle est oppressive. Chaque vérité n’a-t-elle pas, d’abord et toujours, été énoncée par une minorité ? Débarrassons donc la voie aux vérités futures pour qu’elles puissent se faire jour, sans avoir besoin de recourir à la force pour évoluer librement.


Comme on le voit, la période de transition réclamée par les partisans de l’évolution doit être remplie par la période de propagande, et continuée par la révolution elle-même qui, en effet, ne pourra, en un tour de main, changer l’état social, comme on retourne une omelette.

On n’apprend à marcher qu’en faisant aller les jambes ; à être libre qu’en usant de la liberté. Ce n’est pas en entravant de liens les membres de l’enfant qu’on lui apprend à se servir de ses jambes, c’est en le laissant gigotter à son aise ; les culbutes lui apprendront la prudence. Drôle de théorie qui voudrait nous maintenir en tutelle, sous prétexte que n’ayant jamais été libres, nous ne saurions user de la liberté.