Page:Grave - La Société future.djvu/16

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pouvoir à leur volonté. Si jamais cette puissance a pu exister, plus modeste elle est aujourd’hui.

Les orateurs, les écrivains ont certainement une action sur les cerveaux ; cette action peut être plus ou moins grande, immédiate, durable ou à échéance, selon leurs qualités d’élocution, leur propre conviction, leur facilité de développement, leur intensité de logique ; mais en nos temps de critique, cette action est toujours très limitée et ne rentre que pour une part, forte relativement à d’autres, mais assez minime dans l’ensemble d’efforts, de temps et de milieu.

Aujourd’hui, — comme de tous temps, fort probablement — on ne devient le leader de la foule qu’à condition de ne pas se montrer plus avancé qu’elle. La foule ne se presse que derrière ceux qui ont su se mettre à son pas. Et si, parfois, l’histoire nous montre des meneurs entraînant la foule au combat, soyons sûrs que la foule était la première à reconnaître la nécessité de la lutte, c’était elle, probablement, qui les poussait dans la rue.

Quand on poursuit la recherche de la vérité, on ne s’occupe donc pas si on est suivi de la foule. Quand, à côté de cette recherche on fait œuvre de propagande, et on fait toujours ainsi, si on est fortement épris de son idée, on cherche à mettre cette idée à la portée de la foule, on essaie de la lui faire comprendre, et, pour cela, on cherche à l’élucider, à la rendre claire, compréhensible, bien heureux quand on parvient à faire accepter cette vérité par une petite minorité détachée de la foule, mais là s’arrête l’action immédiate du propagateur. Au temps et aux événements à faire le reste.

Le philosophe qui conclut à la nécessité de la Ré-