Page:Grave - La Société future.djvu/164

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Prenons une association moins compliquée, plus rudimentaire, certaines hordes de mammifères, de ruminants par exemple. Un troupeau de femelles et de jeunes sous la conduite d’un vieux mâle, voilà toute la société. Mais là, encore, personne ne travaille à alimenter le soi-disant chef. À part les caresses des femelles dont il se réserve le monopole et que les jeunes ne sont pas en état de lui disputer, voilà le seul privilège de ce soi-disant chef.

En revanche, sur lui repose le soin de veiller à la sûreté de la horde lorsqu’elle broute ou que les jeunes prennent leurs ébats. Être le premier à donner le signal lorsque apparaît l’ennemi, le dernier à fuir, couvrir la retraite de sa troupe, se montrer au plus fort du danger, voilà son devoir.

Lorsque les jeunes auront grandi, ils lui disputeront la possession des femelles. S’il est encore assez fort, il les expulsera du troupeau, heureux si, de son harem il lui en reste une partie de fidèle. Mais encore, ici nous ne voyons pas autorité ni exploitation.

Il n’y a que chez les fourmis où nous trouvions trace de l’exploitation par l’esclavage, mais cet esclavage n’est que relatif puisqu’il est exclusivement supporté par les ouvrières d’une espèce étrangère, prise à l’état de nymphe et qui, ayant vu le jour chez leurs maîtres, peuvent croire faire partie de la même espèce, n’ayant, au fond, à s’acquitter que des seules fonctions dont elles auraient à s’acquitter dans leur propre fourmilière. Et encore dans ce semi-esclavage, le maître n’est-il pas des plus absolus, quoique cet asservissement ne repose en entier que sur la force et le pillage ?

Partout nous trouvons solidarité, obéissance peut-