Page:Grave - La Société future.djvu/200

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les plus absurdes, autre façon d’arrêter le progrès.

Et puis, cette argumentation d’une élite écrasant la masse, n’est-elle pas le raisonnement le plus anti-humain que l’on puisse invoquer ? la masse n’aurait-elle pas le droit de se révolter et de culbuter cette soi-disant élite en proclamant qu’elle se moque de la science si elle doit continuer à lui rester inaccessible, si elle doit toujours en être la victime ?


Vous avez abruti ce que vous appelez les classes inférieures, votre organisation vise à les abrutir encore davantage, et vous vous étonnez que ces classes vous détestent ! Virtuellement ces classes soi-disant inférieures vous valent, elles ont les mêmes ancêtres, la même origine, c’est dans leur sein que vous êtes forcés de régénérer votre descendance, et leur pseudo-infériorité n’est que le produit artificiel d’une sélection artificielle engendrée par une société qui retire tout aux uns pour le donner aux autres.

Les travailleurs n’ont pas la haine de l’intelligence, mais celle des pédants. Lorsqu’ils réclament l’égalité pour tous, ce n’est pas l’abaissement des intelligences qu’ils désirent, mais le moyen pour chacun de cultiver celle qu’il possède. S’ils n’avaient pas le respect des choses professées par de plus savants qu’eux, il y a fort longtemps qu’ils ne vous fourniraient plus la force matérielle qui les maintient dans l’esclavage.

Le respect du travailleur pour les choses qu’il ne comprend pas, l’acceptation crédule des explications que lui donnent ceux qu’il croit plus instruits que lui, ont fait plus, pour le maintien de votre société, que toute votre force armée et votre police. Il n’y a que les médiocrités envieuses pour affirmer que le tra-