Page:Grave - La Société future.djvu/223

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Ce n’est, certes, pas la tournure littérale des discours de ces messieurs qui, ayant un dédain très aristocratique de la « vile multitude, » n’aiment pas s’adresser directement à elle. Ils se contentent, d’ordinaire, d’affirmer aux capitalistes que les travailleurs sont faits et mis au monde, tout exprès, pour faire fructifier les capitaux des premiers ; que ceux-ci n’ont pas à tenir compte des réclamations importunes et inopportunes de ces envieux qui ne sont jamais satisfaits. Mais si ce n’en est pas la forme exacte, c’en est du moins l’esprit, c’en est l’aveu positif, dépouillé de ses fleurs de rhétorique.

Pourvu qu’ils aient « prouvé », par des arguments plus ou moins spécieux, appuyés de citations grecques, latines, algébriques, que le travailleur doit se contenter de vivre de pommes de terre et coucher dans des taudis, ils se redressent, fiers comme des poux sur une gale, et nous disent : « C’est la science qui l’affirme ! c’est la nature qui le décrète ! nous ne faisons qu’enregistrer leurs lois. »

Seulement, à des mécréants comme nous, leur façon de faire de la science, nous paraît fort discutable et nous réclamons. À ce compte-là, l’astrologie, la chiromancie et la cartomancie pourraient réclamer, à égal titre, le droit de figurer comme science dans les connaissances humaines. Et le sâr Péladan, pourrait lui aussi, revendiquer l’introduction, à l’Université, au milieu des sciences exactes, de l’enseignement de la fumisterie.


Voici leur façon de procéder : ils prennent trois ou quatre faits qui sont la conséquence de l’organisation