Page:Grave - La Société future.djvu/237

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Ce que c’est que la force des préjugés !

On a compris toute la fausseté du mercantilisme actuel ; on a compris qu’il fallait abolir la concurrence individuelle, en détruisant la monnaie, valeur d’échange, instrument de dol et de fraude, et ceux qui ont compris cela, ne trouvent rien de mieux que de remplacer un pouvoir par un autre, de substituer à l’argent, valeur d’échange, une autre valeur d’échange ! Leur révolutionnarisme consiste à changer le nom des choses ! Est-ce pour obtenir ce piètre résultat que les travailleurs doivent risquer leur existence ?

Qu’importe que ceux qui nous gouvernent, tiennent, de par la force de leur capital, le droit de nous imposer leur volonté, dans la production et les échanges ou qu’ils fassent consacrer cette volonté par une comédie électorale ?

Qu’importe aux travailleurs que la valeur d’échange soit d’un métal plus ou moins précieux : or, argent, tôle, fer-blanc, papier, cuir-bouilli, carton ou toute autre substance ? Qu’importe qu’on l’appelle franc, dollar, livre, florin, heure de travail ou toute autre épithète dont il plaira de l’affubler, selon l’étalon dont on se servira pour l’évaluer ? Qu’y aura-t-il de changé ? Les mêmes causes ne produiront-elles pas les mêmes résultats ? Le danger réside-t-il dans l’appellation ou l’emploi de la chose ?

Si, dans la société future, il se fait encore échange de produits, chacun alors, aura intérêt à faire estimer les siens plus que les autres, et aura le droit de se croire lésé lorsque cette estimation ne sera pas celle qu’il avait rêvée. Nous verrons alors se reproduire les inconvénients de la société actuelle.

Pour éviter les tiraillements et les récriminations,