Page:Grave - La Société future.djvu/241

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

d’hui, on les entretiendrait dans l’esprit des individus, ce serait les inciter à chercher les moyens d’étendre encore cette facilité d’échange. C’est comme cela qu’a débuté la société capitaliste. Est-ce bien la peine de faire une révolution pour en revenir à notre point de départ ?

Mais en dehors de ce danger à échéance, il y en aurait un plus immédiat, et dont le résultat serait la dislocation du système collectiviste. Nous allons expliquer comment :

Supposons ces individus « mal intentionnés » — que les collectivistes affirment devoir abonder dans une société anarchiste. — Supposons ces individus pouvant produire beaucoup plus qu’ils n’auront besoin — cela se voit tous les jours — et, par là, arrivant à accumuler. Pour ne pas noircir le tableau plus qu’il ne convient, nous laisserons de côté la possibilité de spéculation ou de solder des individus qu’ils emploieraient à satisfaire leurs caprices personnels, supposons ces dangers-là écartés. Rien que le fait d’accumuler est un danger. Car, pendant que, d’un côté, ils encombreraient les magasins sociaux du produit de leur activité, cette surabondance n’étant pas équilibrée par une consommation égale, les calculs des commissions de statistique se trouveraient ainsi bouleversés de fond en comble, car, chaque heure de travail équivalant à un produit représenté en magasin, ce produit ne pourrait être délivré que contre le « bon » correspondant. S’il se trouvait des individus laissant périmer leurs bons, faute de besoin, il pourrait arriver que d’autres individus, ayant besoin de ce même produit en magasin, ne pourraient se le procurer faute du bon y afférent.