Page:Grave - La Société future.djvu/254

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l’on nous laisse libres de nous organiser comme nous l’entendrons, libre à ceux qui ne penseront pas comme nous de s’organiser selon leurs propres conceptions.

Est-ce notre faute si ceux qui nous oppriment ne nous laissent, pour faire jour à nos réclamations, d’autre issue que la violence, qu’ils ne se gênent pas d’employer à notre égard.

Nous voulons reprendre notre place au soleil. La bourgeoisie refusant de nous la laisser prendre pacifiquement, espère-t-elle sérieusement que nous allons platement nous coucher à ses pieds, attendant patiemment qu’elle nous jette un os à ronger ?

Elle se sert du pouvoir dont elle s’est emparé, et de la situation économique qui nous est faite, pour nous asservir et nous exploiter, ne nous laissant d’autre alternative que de subir lâchement notre exploitation ou de lui passer sur le ventre ; qu’elle ne s’en prenne donc qu’à sa rapacité si la révolution est un des moyens qui se présentent à nous pour nous émanciper. La violence appelle la violence ; ce n’est pas nous qui avons créé la situation. L’infatuation bourgeoise en est la première fautrice.

Mais si nous voulons déposséder la bourgeoisie de cette propriété qu’elle détient, si nous voulons la déloger de ce pouvoir où elle s’est réfugiée comme dans une citadelle, ce n’est pas pour exercer l’autorité à notre tour, ce n’est pas pour permettre à une classe et à des individus de se substituer à elle dans l’exploitation de l’activité humaine.

La bourgeoisie, en 89, en s’emparant des biens de la noblesse et du clergé, s’est arrangée à en faire bénéficier quelques-uns des siens, au détriment de ceux qui y avaient droit, avant eux, puisqu’ils les culti-