Page:Grave - La Société future.djvu/29

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que ces gens-là regrettent de choses, tout en s’employant de leur mieux à les justifier et à les éterniser — « il est regrettable que tant de victimes disparaissent dans la lutte : sans doute, la société aurait besoin de réformes, mais cela ne peut être, que le produit du temps, le résultat de l’évolution humaine. À ceux qui se sentent assez forts ou assez intelligents, de faire leur trou dans la mêlée et à s’imposer à la société ! Cet antagonisme fut toujours et continue d’être une des causes des progrès humains ! »

Et les bourgeois, de s’extasier à la lecture de ces lignes tant de fois citées, de dodeliner de la tête et cligner de l’œil, en savourant cet aveu qui résume si bien leur égoïsme féroce :

«… Un homme qui naît dans un monde déjà occupé, si sa famille n’a pas le moyen de le nourrir ou si la société n’a pas besoin de son travail, cet homme, dis-je, n’a pas le moindre droit à réclamer une portion quelconque de nourriture, il est réellement de trop sur la terre. Au grand banquet de la nature, il n’y a point de couvert mis pour lui. La nature lui commande de s’en aller, et elle ne tarde pas à mettre elle-même cet ordre à exécution…. Lorsque la nature se charge de gouverner et de punir, ce serait une ambition bien méprisable de prétendre lui arracher le sceptre des mains. Que cet homme soit donc livré au châtiment que la nature lui inflige pour le punir de son indigence !!! Il faut lui apprendre que les lois de la nature le condamnent, lui et sa famille, aux souffrances, et que si lui et sa famille sont préservés de mourir de faim, ils ne le doivent qu’à quel bienfaiteur compatissant qui, en les secourant, désobéit