Page:Grave - La Société future.djvu/348

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d’activité et d’expansion, que l’homme soit porté au changement et à l’inconstance ; mais nous le voyons s’assagir lorsque réellement il aime, par la crainte de froisser l’objet de son amour. Laissons donc ici, la nature se corriger elle-même.


Certains admettent tout cela, mais prétendent que, dans la société actuelle, le mariage est une garantie pour la femme. Erreur. C’est l’homme qui fait les lois, il n’a eu garde d’oublier de les faire à son avantage. Nous l’avons dit, la femme riche, elle, est affranchie, elle trouvera dans la loi une protection et peut se rendre libre ; l’homme riche lui-même, n’est-il pas absolument libre, et qu’a-t-il à tant s’inquiéter des lois ? L’argent dans la société actuelle est le grand libérateur. Mais pour la femme prolétaire, le mariage légal n’offre que des garanties illusoires contre l’homme qui voudrait la lâcher avec ses gosses.

Il faut de l’argent pour intenter des poursuites, et pour obtenir l’assistance judiciaire, il faut bien du temps et des démarches. Et ensuite, quel recours peut-elle avoir contre l’homme qui n’a pas le sou, et peut rendre vaines les saisies d’appointements en changeant d’atelier, de résidence à chaque opposition. S’il a de l’argent, il y a bien des détours dans les lois, sans compter les moyens d’intimidation.

Quant à celle qui aurait un mari ivrogne, brutal, qui l’exploitera et la battra, elle ne pourrait s’en séparer ni s’en défaire, la loi l’a faite sa propriété, le maître a droit d’user et d’abuser. Que de tortures, que d’avanies faudra-t-il qu’elle subisse avant d’obtenir la rupture de la chaîne qui l’attache à lui ! Et encore ! la loi intervient bien en cas de sévices graves,