Page:Grave - La Société future.djvu/377

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autres que leur talent. Ce ne sont que les riches qui peuvent donner cours à ce qu’ils appellent « leurs sentiments artistiques » ! Et pour quelques-uns, dont le goût est vraiment pur, combien de Philistins dont l’ignorance et la crétinerie, dangereuses de par leurs richesses, contribuent à pervertir le goût public, étant les seuls dont l’approbation est efficace, puisqu’ils sont les seuls à pouvoir acheter. À l’heure actuelle, l’artiste ne cherche pas une idée originale selon sa conception, mais selon la conception du public payant. C’est pourquoi l’art actuel n’est, pris en général, pas un art, mais une mode, un métier, un tremplin.

L’art libre, tel que nous l’entendons, rendra l’artiste son propre et seul maître. Il pourra donner cours à toute son imagination, aux caprices de sa fantaisie, exécuter l’œuvre telle qu’il l’aura conçue, l’animer de son souffle, la faire vivre de son enthousiasme. Alors là, nous aurons la pensée réelle de l’artiste et non celle qui lui aura été imposée par des circonstances où l’art n’avait rien à voir.

Si, à côté de cela, il se produit un stock innombrable d’œuvres sans valeur, de productions folles, que peut nous faire cela ? Le riche désœuvré d’aujourd’hui encombre bien ses salons de croûtes abominables et de plâtres insanes, au détriment des belles choses qu’il contribue à étouffer. Dans la société future, les ratés ne perdront que leur propre temps, et s’ils trouvent des admirateurs, pourquoi n’auraient-ils pas le droit de se congratuler, quand cela ne fait de mal à personne ?

Mais, quoi qu’il en soit, au fur et à mesure que le développement du machinisme et de la science ren-