Page:Grave - La Société future.djvu/383

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bant des villages entiers, et toute une série de générations.

Mais, par contre, on était forcé de convenir que, dans ces pays, il se développait un sentiment chevaleresque de respect de la parole donnée dont la plupart de nos soi-disant civilisés sont dépourvus, et, d’autre part, que la meilleure des lois ne vaut rien entre les mains d’un mauvais juge ! Et comme la plupart des partisans de l’autorité avouent que, pour être sainement exercée, il faudrait ne la remettre qu’entre les mains de purs anges, la conclusion est facile à tirer.

Puis, que l’on n’oublie pas que nous ne demandons pas un retour pur et simple en arrière, tout cela doit être modifié par notre évolution. Revenir aux institutions du passé, telles qu’elles ont existé, ce serait une régression. Ce que nous voulons, c’est une adaptation de ce qui est bien et peut faciliter notre évolution.


Parmi les institutions que l’autorité a intérêt à éterniser, nous avons cité le mariage, mais combien d’autres, en s’en donnant la peine, on pourrait trouver ! L’ordre bourgeois, pour être stable, avait besoin de s’appuyer sur la famille, c’est par elle que peut se perpétuer la domination capitaliste, c’est pourquoi, il l’a enlacée de mille liens légaux. L’amour, l’affection, la famille d’élection et d’affinité, le code n’en a cure, ce sont des fariboles qu’il laisse aux rêveurs. Pour la bourgeoisie, il n’y a qu’une famille, c’est la famille juridique, enserrée dans les ascendances et descendances, hiérarchisée, comprimée, dans les formes, légales, limitée par la marge du code, il n’y a, en un mot, de parents que ceux qui sont reconnus