Page:Grave - La Société future.djvu/394

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par leur enseignement et non la coercition, se borner à nous indiquer le milieu le plus favorable où l’individu pourra évoluer dans la plénitude de son être.


En chimie, par exemple, quand on veut associer deux corps, est-ce la volonté de l’opérateur qui agit et fait que les différents corps mis en présence s’associent ! — Non, il a fallu, auparavant, étudier les différentes propriétés de ces corps, de sorte que l’on sût qu’en opérant sur telles quantités, dans de telles conditions, on obtiendrait tel résultat, — inévitable chaque fois que l’on opérerait dans des conditions absolument semblables.

Si, au contraire, l’opérateur voulait associer des corps doués de propriétés différentes, en dehors des conditions requises pour obtenir le résultat cherché, ces corps s’annihileraient ou se détruiraient ; en tous cas le résultat serait tout autre que celui espéré par l’opérateur. La volonté de ce dernier n’entre donc, dans le choix du résultat, que par sa connaissance des matériaux qu’il emploie ; sa puissance est limitée par la propriété des corps, tout son pouvoir se borne à « préparer » les conditions requises pour l’opération, et rien au delà. Il en sera toujours ainsi pour les sociétés humaines ; tant que l’on voudra les organiser arbitrairement, sans tenir compte des tempéraments, des idées ou des affinités des individus, on n’obtiendra jamais qu’une société boiteuse, devant produire, au bout de très peu de temps, le chaos, le désordre et la révolte.

Le rôle des anarchistes, en sociologie, ne peut pas être d’une autre portée que celui du chimiste : leur œuvre est de préparer le milieu où les individus pour-