Page:Grave - La Société future.djvu/54

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nos théories avec des arguments rationnels, positifs et non à l’aide de fausses conceptions des lois naturelles.

Aussi, loin d’envisager les sociétés humaines comme un vaste champ de bataille où la victoire appartient aux appétits les plus larges, nous pensons, au contraire, que tous les efforts de l’homme doivent s’unir pour se tourner contre la seule nature qui lui présente assez de difficultés à vaincre, assez d’obstacles à renverser, assez de résistance à lui produire ce qui est nécessaire à son existence, assez de mystères à éclaircir, pour y user ses instincts de combativité, y trouver les éléments d’un combat assez long, assez acharné, pour que ce ne soit pas de trop de tous les efforts humains réunis, de tout le labeur accumulé des générations pour le mener à bien, combat bien plus profitable que de s’entre-déchirer mutuellement.


Que de forces perdues, que d’existences sacrifiées, soit dans le dur combat pour la vie au sein des sociétés, soit dans ces guerres stupides que se livrent les sociétés sous le nom de luttes nationales ! que d’intelligences dévoyées qui, dans un autre milieu, tourneraient au profit de l’évolution humaine, tandis qu’elles périssent misérablement sans avoir rien pu produire !

Les économistes disent que chaque homme représente un capital, et ils cherchent à justifier un ordre de choses qui — ils sont bien forcés de l’avouer — entraîne par sa mauvaise organisation, la disparition de milliers de malheureux qui meurent avant d’avoir fourni la moitié, le quart, et même bien moins de leur carrière ! Quel illogisme !

Et tous ces hommes qui s’énervent et s’abrutissent