Page:Grave - La Société future.djvu/72

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autres peuples nous valent comme nous valons les autres peuples, seulement nous sommes aussi incapables de faire leur bonheur qu’eux le nôtre. Aussi bien, du reste qu’aucun individu n’est capable de faire le bonheur de qui que ce soit malgré lui. Nous pouvons nous prêter la main pour nous débarrasser de ceux qui nous font du mal ; nous devons nous considérer comme des égaux qui peuvent et doivent se rendre service à l’occasion, voilà le véritable internationalisme, mais méfions-nous de cet internationalisme, à fleur de peau qui de l’œil droit regarde amoureusement nos frères de l’autre côté de la frontière et fait risette du gauche à « notre brave armée nationale ».

Français, Allemands, Italiens, Anglais ou Russes, nous sommes exploités de la même façon. C’est une minorité de parasites qui nous gruge et qui nous mène. Comme l’âne de La Fontaine, mettons-nous bien dans la tête que « notre ennemi, c’est notre maître » et alors il n’y aura plus de haines nationales. En France, comme en Allemagne, en Angleterre ou en Italie, ceux qui nous exploitent ne s’occupent guère de la nationalité de ceux qu’ils tondent. Leurs préférences, s’ils en ont, seront pour celui qui se laissera tondre le plus bénévolement. — L’humanité ne se divise donc qu’en deux classes : les exploiteurs et les exploités. Que les déshérités de tous pays en fassent leur profit.


Du reste, ici, encore, la marche des événements est encore la meilleure éducatrice des individus, en les forçant à s’accommoder aux circonstances qu’elle leur présente. Et notre époque saura bien forcer les