Page:Grave - La Société future.djvu/78

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« Vous ne voulez pas amoindrir les patries des autres au profit de la vôtre, vous n’êtes qu’un gredin ! Vous ne voulez pas crier, avec nous, que votre patrie est la reine des nations, que les habitants des autres nations ne sont que des gueux, donc vous êtes un agent de l’étranger. » Tel est le raisonnement de ces messieurs, partant de là pour démontrer aux imbéciles que, du moment que l’on n’acceptait pas les yeux fermés, toutes les coquineries qui se commettent au nom de la Patrie, c’est que l’on en est l’ennemi.

Et voilà pourquoi l’épithète d’anti-patriote prise en dernier par les internationalistes pour combattre cette campagne inepte de militarisme, de chauvinisme qui veut pousser les hommes à s’entr’ égorger, est devenue, sous leurs calomnies, l’équivalent d’ennemis de la France appliquée aux anti-patriotes français ; d’ennemis de l’Allemagne, de l’Italie ou de l’Angleterre appliquée aux anti-patriotes, allemands, italiens ou anglais, quand elle signifie purement et simplement : amour de l’humanité et haine à la guerre.

Les anti-patriotes ne peuvent pas être les ennemis de leur propre pays, puisqu’ils veulent élargir l’amour de l’individu à toute l’humanité. Faisant la guerre à l’autorité et au capital parce qu’ils sont l’autorité et le capital, ils en sont les adversaires aussi bien chez les autres que chez eux. Ce n’est pas un déplacement d’autorité au profit d’un groupement à l’exclusion d’un autre qu’ils réclament, mais bien sa disparition complète.

Adversaires de l’autorité, on nous accuse de vouloir la confusion ; adversaires des formes légales de la famille, des contraintes et des empêchements que