Page:Grave - La Société future.djvu/89

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fieux, voici ce que l’on pourrait faire : nous allons vous payer votre voyage ; à la Terre de Feu il y a des terres qui n’appartiennent à personne, nous vous fournirons des outils, nous vous ferons une petite pacotille qui vous permettra de commercer avec les Pécherais, vous serez au moins libres de faire ce que vous entendrez sans gêner personne ; nous, de notre côté, nous pourrons continuer à faire valoir notre petit héritage et tout le monde sera content ! »

Voilà, dépouillé de sa rhétorique, le raisonnement tenu par les bourgeois lorsqu’ils engagent les travailleurs mécontents de leur sort à émigrer.

Ils ont entre les mains toute la richesse, tous les moyens de production, le répertoire de toutes les connaissances humaines, en un mot, tous les fruits de la civilisation, tous les moyens de développement que nous devons au travail des générations passées. Et lorsque nous leur réclamons nôtre part de cet héritage, ils veulent nous envoyer promener chez les Groënlandais ou chez les Botocudos qui ne nous doivent rien. Nous ne voulons pas aller si loin, chercher ce qui n’y existe pas, quand nous l’avons sous la main. Nous avons droit, de par notre travail, à ce qui existe, et ces droits nous saurons bien les faire valoir.

À côté des individus allant au loin réaliser leur idéal de société, et dont, malgré tout, les essais sont intéressants à étudier, dont les avortements même sont des leçons pour des tentatives mieux combinées, il y a ceux qui essaient de le réaliser, dans la mesure du possible, au milieu de la société actuelle.

Les uns dans les actes de leur vie privée, dans leur relation avec leur entourage, d’autres en se groupant