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ET L’ANARCHIE

Nation comme on disait, résumait plutôt l’ensemble du peuple, de ses droits, de ses institutions, que le sol lui-même. Ce n’est que peu à peu et sous l’influence de causes ultérieures que l’idée de Patrie s’est rapetissée, racornie, au point de revenir au sens étroit qu’on enseigne aujourd’hui, de l’amour du sol, sans qu’il soit question de ceux qui l’habitent et des institutions qui y fonctionnent.

Mais, quelle que soit l’idée que l’on se fasse de la Patrie, la bourgeoisie trouvait trop d’intérêt à la cultiver pour ne pas chercher à la développer dans le cerveau des individus — et à en faire une religion, à l’abri de laquelle elle put maintenir son autorité fortement contestée. En tout cas, la défense du sol était un trop bon prétexte à maintenir l’armée nécessaire au maintien de ses privilèges, et l’intérêt collectif, un argument invincible, pour forcer les travailleurs à contribuer à la défense de ses privilèges. Heureusement que l’esprit de critique se développe et s’étend tous les jours, que l’homme ne se contente plus de mots, veut savoir ce qu’ils signifient ; s’il n’y arrive pas d’une première envolée, sa mémoire sait emmagasiner les faits, en déduire les conséquences, en tirer une conclusion logique.


Que représente, en effet, ce mot : Patrie, en dehors du sentiment naturel d’affection que l’on a