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ET L’ANARCHIE

Certes, nous comprenons que tout le monde ne peut apporter la même force de résistance dans la lutte, le même degré d’énergie à combattre les institutions actuelles : Tous les tempéraments et les caractères ne sont pas trempés de même. Les difficultés sont si grandes, la misère si dure, les persécutions si multipliées, que nous comprenons qu’il y ait des degrés dans les efforts pour la propagande de ce qui est reconnu vrai et juste. Mais les actes sont toujours en raison de l’impulsion reçue et de l’intensité de la foi que l’on a dans les idées. On sera, bien souvent, arrêté par des considérations de famille, de relation, du pain quotidien à conserver ; quelle que soit la force de ces considérations, si l’on est quelqu’un, elles ne vous mèneront jamais à vous faire digérer toutes les infamies qui se déroulent sous vos yeux ; il arrive un moment où l’on envoie au diable les considérations pour se rappeler que l’on est un homme, que l’on a rêvé mieux que ce que l’on vous fait subir.

Celui qui n’est capable d’aucun sacrifice pour les idées qu’il prétend professer, n’y croit nullement ; il ne se pare de cette étiquette que par ostentation, parce que, à un moment donné, c’est bien porté, ou parce qu’il prétend justifier quelques vices à l’aide de ces idées ; gardez-vous de lui accorder votre confiance, il vous trompe. Quant à ceux qui cherchent à profiter des institutions actuelles soi-disant pour aider à la propagande des idées nouvelles, ceux-là