Page:Grave - La Société mourante et l’anarchie.djvu/301

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
285
ET L’ANARCHIE

et que les réformes sont illusoires, il ne nous reste plus qu’à nous préparer à la lutte ; c’est ce que nous faisons en marchant droit à notre but, laissant aux ambitieux le soin de se tailler des situations et des rentes avec les misères qu’ils prétendent soulager.


Seulement nous sentons ici une objection : « Si vous reconnaissez, nous dira-t-on, que vos idées ne sont pas prêtes à être mises en pratique, n’est-ce pus prêcher l’abnégation de la génération présente au profit des générations futures que de leur demander de lutter pour une idée dont vous ne pouvez leur garantir la réalisation immédiate ? »

Nous ne prêchons nullement l’abnégation, seulement nous ne nous leurrons pas sur les faits ni ne voulons pas aider les enthousiastes à se leurrer. Nous prenons les faits tels qu’ils sont, nous les analysons et nous constatons ceci : une classe qui détient tout et ne veut rien lâcher ; d’autre part, une classe qui produit tout, ne possède rien, et n’a d’autre alternative que de se courber lâchement devant ses exploiteurs, attendant servilement qu’ils lui jettent un os à ronger, n’ayant plus aucune dignité, aucune fierté, rien de ce qui relève les caractères, ou bien de se révolter et d’exiger impérieusement ce que l’on refuse à des génuflexions. Certes, pour ceux qui ne pensent qu’à leur personnalité, pour