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Au lieu de cela, il eut l’audace, plus tard, dans une interview que publia l’Éclair, de dire qu’il m’avait autorisé à reproduire certaines de ses œuvres, sauf Germinal. Or, le morceau incriminé n’était pas tiré de Germinal, mais d’un chapitre de La Bête Humaine que j’avais pris dans la Vie Populaire. Son assertion était du reste fausse, l’autorisation ne portait aucune restriction.

Je fus quelque temps sans plus entendre parler de rien, lorsque, un beau jour, étant à Sainte-Pélagie, Mlle Benoit m’apporta, avec le courrier du jour, un exploit d’huissier me sommant, à la requête de MM. Zola, F. Coppée, de Maupassant, Courteline et Ginisty, de comparaître devant la huitième chambre correctionnelle pour m’entendre condamner à payer à la Société des Gens de Lettres la somme de 476 fr. 90, montant de reproductions à 0 fr. 25 la ligne.

Quelques jours auparavant, le « Bulletin » de la Société avait publié l’entrefilet suivant :

Avis très important

Un petit journal de Paris, non abonné à la société, s’adresse aux auteurs pour obtenir des autorisations de reproductions gratuites. Nous rappelons à nos confrères qu’en donnant cette autorisation, ils s’exposent à une amende pour la première fois, puis ensuite à la radiation. (Art. 41 des statuts, chap. VII).

Au reçu de l’assignation, j’écrivis à Zola pour lui rappeler qu’il m’avait donné l’autorisation, lui expliquant à nouveau la situation du journal, et espérant qu’une société de littérateurs pouvait être guidée par d’autres mobiles que la pièce de cent sous.

Voici sa réponse :

Médan, 21 juillet 1891.
Monsieur,

Si je vous ai autorisé à reproduire mes œuvres, c’est à l’époque où je ne faisais pas partie de la Société des Gens de Lettres. Depuis le mois de mars, je suis membre de cette Société, et il faut bien que je me conforme à ses statuts. Mon autorisation n’a plus aucune valeur.

Vous avez tort de croire qu’on poursuit une œuvre de haine contre vous. On vous soumet à la loi commune, voilà tout. Tout journal qui n’a pas de traité ne peut reproduire une ligne d’un