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Page:Grave - Le Mouvement libertaire sous la IIIe République.djvu/161

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apporter votre libération à genoux, sur un plateau d’argent ?

— Je n’espère pas tant. Mais la libération conditionnelle impliquant repentir et promesse de ne pas recommencer, ce n’est pas mon cas. J’ai été condamné pour anarchisme, anarchiste je reste.

— Comme vous voudrez, fit-il, mais je crois bien que, dans sa pensée, je devais être un peu toqué.

Séverine publia un article au sujet de ma lettre. Cela m’en rappelle un autre qu’elle publia en 96. Je venais d’arriver au bureau, lorsque se présenta un camarade.

— Hein ! vous buvez du lait, ce matin !

Croyant qu’il faisait allusion au pot plein de lait qui était sur la table, je répondis :

— Oui, j’en bois un litre tous les matins.

Ce n’est qu’en déployant le Journal, que je n’avais pas encore lu, que je compris ce qu’il voulait dire par « Vous buvez du lait ! »

Quant au pauvre Girard, sa campagne avait attiré l’attention sur lui. Le pot-aux-roses fut découvert. Son domicile fut envahi un matin par les policiers, chef de la Sûreté en tête. Son logement fouillé de fond en comble. Lui-même gardé prisonnier pendant vingt-quatre heures. La découverte que « la maison » abritait un anarchiste avait, paraît-il, fait l’effet d’une bombe explosant au milieu d’eux. Mais comme il ne fut rien trouvé, on dut le relâcher. Inutile de dire que l’on s’empressa de le révoquer.

Pendant que nous étions bien tranquilles, « à l’ombre », il se menait, dans le pays, une violente campagne contre Casimir-Perier qui avait remplacé Carnot et s’était montré par trop cassant, au gré des politiciens, à leur égard.

Ce fut cette campagne qui déclencha la fortune de Gérault-Richard.

Tant et si bien que Casimir-Perier dut donner sa démission. Il était surveillé par sa propre police.

Félix Faure fut nommé président de la République. Comme il est de tradition qu’à l’avènement de chaque nouveau monarque il soit promulgué une amnistie, une demande fut déposée sur le bureau de la Chambre, puis