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Page:Grave - Le Mouvement libertaire sous la IIIe République.djvu/198

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Mes imprimeurs s’étaient toujours chargés de cette formalité. Au début, je signais les numéros, mais par la suite on les signait pour moi.

Le gérant de La Libératrice, qui nous imprimait à ce moment, m’avait promis de ne pas oublier le dépôt, mais il n’en avait rien fait. Autrefois, quand cela se produisait, le Parquet nous faisait réclamer les numéros manquants, Clemenceau, lui, nous faisait appeler à l’instruction, puis à la Correctionnelle. Si c’était cela qu’il appelait « n’avoir rien à me refuser », ça promettait.

Il est vrai que je n’étais pas le seul. Nous étions trois journaux : Les Temps Nouveaux, Le Libertaire. J’ai oublié le troisième. Notre imprimeur profita de la charrette, il l’avait bien mérité, puisque c’était sa faute si le dépôt n’avait pas été fait. Nous fumes condamnés chacun à 50 francs d’amende.

Je mentionnerai justement le bilan du Ministère Clemenceau : Intervention de l’armée dans les grèves. — Les charges de Draveil, où il y eut morts et blessés. — Troubles également en province.

Une grève de mineurs s’étant déclarée dans le Nord, Clemenceau alla les trouver à leur syndicat. Mais, au lieu de lui sauter au cou pour l’embrasser, — n’était-ce pas le premier ministre qui osât entrer en pourparlers avec des « perturbateurs » — et de rentrer au travail en se fiant à de vagues promesses, les grévistes lui firent une réception plutôt froide, et persistèrent dans leurs réclamations.

Froissé et déçu, Clemenceau se retourna vers la « manière forte ». On arrêta des grévistes, et on ouvrit une enquête sur un prétendu complot royaliste.

Quand éclata la grève, Monatte travaillait avec moi pour quelques jours. — Entre parenthèses, comme couleuvre, il aurait pu faire la paire avec Dunois. — Il me demanda de lui avancer l’argent du voyage pour se rendre dans le Nord.

Il y fut arrêté au bout de quelques jours. Une lettre de moi trouvée sur lui fut le prétexte d’une perquisition. Non seulement au journal mais aussi chez Delesalle.

Un matin, en arrivant rue Broca, la concierge me dit