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Page:Grave - Le Mouvement libertaire sous la IIIe République.djvu/223

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Ici, j’ouvre une parenthèse : Dans les commencements du mouvement, lorsque des camarades de province voulaient organiser une conférence dans leur localité, s’ils n’avaient pas d’orateur parmi eux et étaient forcés de faire appel à un Parisien, par exemple, ils payaient ses frais de déplacement, mais les bénéfices de la conférence — s’il y en avait — leur restaient. Ils les employaient soit à leur propre propagande, soit à soutenir telle œuvre de propagande qui leur plaisait. Le plus souvent ils faisaient imprimer des placards ou brochures. Cela entretenait leur activité, donnait quelque vitalité à leur groupe.

Survint Faure qui leur faisait organiser ses conférences, mais empochait la recette. Cela lui servait à mener sa propre propagande, c’est possible, mais cette façon de procéder diminua énormément l’activité des groupes de province, en leur enlevant un moyen de l’alimenter.

Cela occasionna un plus grand mal encore. Ce fut d’inspirer à un tas de jeunes profiteurs qui pouvaient, plus ou moins, dégoiser quelques phrases en public, l’idée d’organiser, eux aussi, « leurs tournées ».

Sans doute, tous ne vivaient pas royalement des produits de leurs tournées, mais ils vivotaient, faute de mieux. Cela leur suffisait, étant partisans du « moindre effort ».

Mais quelle propagande faisaient-ils ? Bien heureux quand, de leur conduite, l’idée ne sortait pas amoindrie. Plusieurs finirent même par escroquer les camarades qui les avaient aidés à organiser leurs conférences, croyant aider à la propagande.

J’en reviens à L….

Arrêté dans le Nord pour quelque délit de parole, il avait, pour son procès, fait demander de Marmande comme témoin de moralité.

Au procès, ce dernier tenta d’atténuer le rôle de L…, s’efforçant de le présenter comme un garçon inoffensif, vivant misérablement des quelques sous que lui rapportaient ses conférences…

— Pardon ! interrompit le Président, savez-vous, Mon-