Page:Grave - Le Mouvement libertaire sous la IIIe République.djvu/227

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dizaine d’individus. Leur ayant demandé ce qu’ils voulaient, ils me présentèrent le numéro des Temps Nouveaux contenant ma réponse au Comité de Défense, me demandant en même temps sur quoi je m’appuyais pour avancer que Roussel était un mouchard ? Ils disaient que Roussel était mort, — chose que j’ignorais alors — mais qu’eux, ses amis et sa veuve présente, sauraient prendre sa défense.

La discussion s’envenima et l’un d’eux m’allongea un coup de poing en plein visage. J’attrapai mon bonhomme par le cou et l’acculai contre le mur, levant le poing pour lui rendre la monnaie de sa pièce. Mais arriva le garçon du lavoir qui était dans la cour, disant qu’il allait chercher les agents.

Voir arriver les agents pour mettre la paix parmi nous, ça ne pouvait pas se faire. Je lâchai mon type pour arrêter le garçon de lavoir et le prier de se tenir tranquille.

Après un échange de répliques, la bande se retira, menaçant — cela allait de soi — de revenir.

Après celui-là, le nommé Mauricius. Tout jeune, avait-il 16 ans ? il m’écrivit — ou me dit de vive voix — qu’il était mal avec sa famille parce qu’il voulait se consacrer à la propagande, mais que ça ne l’arrêterait pas dans sa détermination. Je fus des années sans plus rien entendre de lui.

Ce nom de Mauricius ne me disait rien lorsqu’il parut dans les groupes. Ce ne fut que lorsque j’appris son véritable nom que je me rappelai mon jeune correspondant. Mauricius était la latinisation de son prénom.

Lui aussi, se lança dans le sillage de Libertad. Comme lui, il était individualiste, prêchait le vol, niait la morale et tout le reste. Il avait diablement marché depuis que j’avais correspondu avec lui.

Au début, rien à dire. Sa propagande pouvait déplaire, ce n’était pas une raison pour qu’il fût mouchard. Mais, par la suite, il perdit la mesure, on ne pouvait s’empêcher de le trouver suspect. Et lorsque, à son tour, il dirigea L’Anarchie où on accueillait cambrioleurs et faux