Page:Grave - Le Mouvement libertaire sous la IIIe République.djvu/258

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

XVIII

NOTRE DERNIÈRE CAMPAGNE


J’ai parlé de Ferrer. C’est une figure qui vaut qu’on s’y arrête. Depuis longtemps, il était abonné au journal, me rendant service de temps à autre.

C’était un homme doux, tranquille et simple. Il était pris par l’idée d’éducation. Il avait comme élève une vieille dame qui, souvent, lui avait demandé ce qu’elle pourrait bien faire pour l’aider à la propagande de ses idées, lui promettant de ne pas l’oublier dans son testament.

Fonder une école rationnelle en Espagne était le rêve qu’il caressait, si jamais il venait en possession des moyens de le faire. Aussi lorsque la dame mourut, lui laissant une somme importante, il partit aussitôt pour l’Espagne afin de réaliser son projet.

À son école, il adjoignit une maison d’édition. Il lui fallait éditer lui-même les livres dont il avait besoin pour son enseignement.

Il édita l’ouvrage d’Élisée Reclus : L’Homme et la Terre. De moi, il publia la traduction espagnole des Aventures de Nono et Terre Libre, que j’écrivis pour lui, et dont ma femme avait fait les dessins.

Ferrer était assez content de son école : — « l’Escuela Moderna ». — Il me racontait, lorsqu’il venait à Paris, qu’il lui venait des élèves de toutes les classes sociales.