Aller au contenu

Page:Grave - Le Mouvement libertaire sous la IIIe République.djvu/279

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

mirent au gouvernement anglais de mettre ses premières armées sur pied.

Par la suite, ce furent les actes de banditisme des impérialistes allemands : massacres de Louvain et d’ailleurs, torpillage du Britannia et autres navires non militaires, raids de zeppelins, assassinats de Miss Cavell et du Capitaine Fryatt, qui soulevèrent l’opinion publique et précipitèrent les hommes aux bureaux d’enrôlement. Le recours à la conscription forcée ne vint que très tard au cours de la guerre.

Chose remarquable, le pays de Galles qui, avant la guerre, se distinguait par sa haine de l’armée, se distingua par son empressement à s’enrôler.

Je me rappelle que, la première année de la guerre, étant allé passer quelques mois dans le pays, presque à chaque cottage on pouvait lire aux fenêtres une pancarte annonçant qu’un ou plusieurs des occupants mâles étaient partis pour l’armée.

Par contre, les Irlandais qui, en temps de paix, fournissaient le principal contingent de l’armée anglaise, montrèrent le plus grand empressement à se dérober au service militaire.

Malheureusement, les excès allemands eurent un autre effet : c’est que la colère de la population, au lieu de se concentrer contre la clique militariste, se tourna, peu à peu, contre le peuple allemand lui-même. On oubliait de maudire le Kaiser et sa suite pour exécrer le « Boche », ce qualificatif, remis en circulation par Barrès, Bourget et autres, étant passé dans le vocabulaire anglais.

Petit à petit, on en arrivait à dire que les Allemands avaient besoin d’une leçon, qu’il fallait qu’ils soient écrasés, qu’on devrait leur imposer une « forte » indemnité de guerre pour les empêcher d’être à même de recommencer.

Les raids des zeppelins sur des villes ouvertes, tuant sans aucun profit militaire des femmes, des enfants, ne firent que renforcer cette façon de parler qui, peu à peu, se transforma en façon de penser.