Page:Grave - Le Mouvement libertaire sous la IIIe République.djvu/299

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Tcherkesoff et Paul Reclus qui vinrent m’expliquer que, « pour le bien de la propagande », nous devions rester unis, que, peut-être les camarades avaient eu tort d’être si précipités, mais qu’en agissant ainsi ils avaient cru agir pour le mieux ; que ce qui était fait était fait, qu’il fallait passer l’éponge.

Je fus assez jobard pour négliger leur manque de parole et travailler avec eux. D’autant plus jobard que les belles paroles de leurs délégués ne m’avaient nullement convaincu. Mais je voulais faire preuve de bonne volonté.

J’étais censé devoir m’occuper de la confection des numéros, mais les articles ne me furent jamais communiqués que par les épreuves en feuille. Une seule fois, je demandai la suppression d’un article qui me semblait par trop « déroulédiste ». Pierrot me répondit qu’il l’avait donné à lire à sa fille qui l’avait trouvé excellent !

Je laissai passer. J’avais promis de faire mon possible pour aider.

Vint la mort de Guérin, Dans la notice nécrologique qui lui fut consacrée, on disait que ce n’était que grâce à lui que les Temps Nouveaux avaient pu reparaître. Lorsque j’en pris connaissance, je trouvai vraiment qu’ils exagéraient. C’était moi, le premier, qui leur avait demandé de travailler ensemble à cette réapparition. Et quoique nous ayons été en discussion à ce sujet, je rentrais pour une partie dans la proposition de reparaître.

Je leur demandai la suppression de ce passage. Cela ne faisait aucun tort à Guérin, et me donnait satisfaction. On refusa de modifier le passage.

Je ne donnerai pas les lettres que j’eus à leur écrire pour obtenir l’insertion d’une protestation. Ce ne fut qu’à la troisième qu’ils s’exécutèrent, et de mauvaise grâce. Au lieu d’être insérée dans la revue, ma protestation fut imprimée sur une feuille à part. C’était d’autant plus dégoûtant qu’en me forçant à cette protestation, j’avais l’air de peser au compte-goutte les éloges à Guérin.

J’ai des lettres instructives sur ce débat. Mais, à quoi bon insister !

Après ceci, mon tort fut de ne pas rompre aussitôt