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II

MES PREMIÈRES RELATIONS AVEC LA MAGISTRATURE DE MON PAYS


La fin de l’année 1882 fut assez mouvementée. Le directeur des mines de Montceau-les-Mines, un nommé Chagot, faisait peser sur son personnel une oppression sans bornes. Clérical enragé, ses ouvriers devaient faire montre d’esprit religieux et faire baptiser leurs enfants.

Poussés à bout, les ouvriers se soulevèrent, Une nuit de la fin d’août, une bande de trois à quatre cents hommes, armés de fourches, de revolvers, se répandirent dans la campagne, brisant les croix et les statues de la Vierge plantées aux carrefours des routes, appelant la population aux armes et arrêtant, comme otages, des propriétaires, des curés, des fonctionnaires.

Ces « scènes de désordre », pour parler le langage des gazettes bien pensantes, se renouvelèrent plusieurs nuits.

Il n’en fallait pas plus pour donner la frousse à ceux qui trouvent que tout est pour le mieux dans la meilleure des sociétés capitalistes. C’était une bonne occasion pour les gouvernants de démontrer qu’ils avaient de la poigne. Non seulement ils firent procéder à des arrestations d’ouvriers de la région, mais ils préparèrent une rafle des anarchistes

Comme je l’ai dit dans le précédent chapitre, dans le milieu de la même année, était paru, à Lyon, le Droit Social, organe hebdomadaire des anarchistes de la région,