Page:Grave - Le Mouvement libertaire sous la IIIe République.djvu/73

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Arrêté immédiatement, l’auteur de l’acte déclara se nommer Gallo, être anarchiste, qu’il en avait assez de crever la misère, et avait voulu faire payer aux bourgeois le prix de leur exploitation.

Lui aussi fut d’une rare violence à son procès. Il fut envoyé au bagne quoique personne n’eût reçu seulement une égratignure.

Peu de temps après son arrivée au bagne, il tenta d’assommer, à coups de pioche, un de ses gardes-chiourme.

Après l’affaire Rousset, il m’envoya un mémoire par lequel il demandait que l’on entamât, en sa faveur, une campagne pour sa libération.

J’essayai de lui faire comprendre que son cas n’avait rien de commun avec celui de Rousset. Ce dernier avait été condamné pour un acte qu’il n’avait pas commis. Il y avait, là, chance de soulever l’opinion publique pour forcer les juges militaires à réparer leur erreur — ou forfaiture.

Lui, Gallo, avait été condamné — férocement sans doute, mais légalement — pour un acte qu’il avait commis, qu’il avait revendiqué.

Je l’engageai à s’adresser à la « Ligue des Droits de l’Homme ».

Je n’en entendis plus parler, le pasteur dont il m’avait donné l’adresse pour correspondre s’étant refusé à servir d’intermédiaire.

À travers tous ces événements, le journal vivotait. Le tirage était monté à 6 000, Mais, faute d’argent, il y avait des semaines où il paraissait en retard. Cela ne m’empêcha pas de le faire paraître hebdomadairement, au lieu de tous les quinze jours, puis de le mettre à 0,05 au lieu de 0,10. Le journal tira à 8 000, mais sans changements dans la situation financière.

Ayant quitté la Suisse, Reclus vint habiter Nanterre, De là, il se transporta à Sèvres.

Une fois, nous rendîmes visite à Léon Cladel qui habitait les environs.

Un autre jour, il était venu m’attendre au débarcadère des bateaux-mouche, près du pont de Sèvres. En