Page:Grave - Le Mouvement libertaire sous la IIIe République.djvu/97

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façon de se débarrasser de ses adversaires, donna comme justification que ce n’était pas dénoncer que de publier les noms dans un journal. Comme escobarderie cela ne laissait rien à désirer. Dans ses discussions avec les anarchistes, comme tout bon guesdiste, il était généralement de mauvaise foi.

Un matin que Lafargue et moi nous nous rendions aux douches, nous rencontrâmes le directeur de la prison. Nous nous arrêtâmes pour causer et, au cours de la conversation, ce dernier dit à Lafargue :

— Comment, c’est vous, monsieur Lafargue, un socialiste, qui demandez un détenu de droit commun comme domestique !

La réponse de Lafargue fut plutôt embarrassée.

Dès mon arrivée à Sainte-Pélagie, je m’étais mis à revoir les articles que j’avais publiés pour en faire un choix et les réunir en volume. Chose que je projetais depuis longtemps, mais je n’avais jamais trouvé le temps de m’y mettre.

Quand le travail fut au point, je l’envoyai à Reclus, lui demandant de m’écrire une préface. Il me suggéra le titre : La Société mourante et l’Anarchie, mais, disait-il, il n’était pas assez entraîné pour écrire une préface.

Je me retournai du côté de Mirbeau, et lui demandai de bien vouloir s’en charger. Il ne se fit nullement prier et accepta tout de suite, d’une façon tout à fait encourageante et gracieuse. Je lui envoyai le manuscrit.

Mais, lorsque je sortis de Sainte-Pélagie, voulant présenter le volume à Stock, je n’avais encore rien reçu de Mirbeau.

J’écrivis à ce dernier pour lui demander quand il comptait se mettre à écrire la préface. Deux lettres restèrent sans réponse. Je lui écrivis de me retourner le manuscrit avec ou sans la préface. Rien.

Il ne me restait plus qu’à me présenter chez Mirbeau qui à ce moment habitait près de Pont-de-l’Arche. Je lui écrivis, par lettre recommandée, que je comptais me présenter chez lui le dimanche suivant avec mon ami Baillet qui m’avait promis de m’accompagner.