Page:Gregory - En racontant, 1886.djvu/158

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
150
EN RACONTANT

sidération de ceux qui s’intéressent à la prospérité de Québec, il ne sera pas hors de propos d’en faire connaître ici les points saillants.

Il m’a été donné, dans une circonstance, de subir l’épreuve de la navigation en bas de Québec dans une saison où le fleuve était couvert de glaces, et, depuis, pendant longtemps, j’ai considéré l’idée de cette navigation comme impraticable.

Je dois dire que lors de cette circonstance, je naviguais à bord du Napoléon III, un fort et puissant steamer, mais trop effilé pour lutter contre une glace épaisse. Sur un parcours de trente milles, nous réussîmes à couper, assez rapidement, une glace fine de quatre ou cinq pouces d’épaisseur.

Il m’a toujours semblé, cependant, que le plus grand inconvénient à la navigation d’hiver était l’absence de havres de refuge dans le cas où des navires pourraient être surpris par des nuits épaisses et des tempêtes de neige aveuglantes, en quelque endroit entre le Bic et Québec. En bas du Bic il y a la pleine mer, mais, depuis le Bic en remontant, aucun navire ne peut jeter l’ancre dans les endroits ordinaires, car il ne résisterait pas à la pression de la glace qui va et vient avec les fortes marées, s’il se trouvait sur leur passage, Il faudrait donc, de toute nécessité, posséder des lieux sûrs de mouillage ou des havres de refuge.