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L’ÎLE D’ANTICOSTI

si on les transportait à Québec, ils se trouveraient indigents et sans ressources, en face d’un hiver rigoureux, je télégraphiai ces faits à Ottawa ; et sachant, de plus, que les pommes de terre venaient en abondance sur l’île, en quelque lieu qu’on les semât, je recommandai qu’il me fut accordé un octroi en argent pour acheter à Gaspé 200 à 300 barils de patates, qui, ajoutées à d’autres secours, aideraient ces gens à passer l’hiver. J’émis, de plus, l’idée de leur fournir la semence des pommes de terre, à condition qu’ils s’engageraient à en faire la culture. Je prévoyais par là, qu’en peu de temps, ils seraient en état de se suffire à eux-mêmes, et de secourir au besoin les naufragés, ces derniers soins devant leur être payés ! On accéda à ma requête et je visitai tous les établissements de l’île. Je me renseignai sur les ressources des habitants, leur nombre, leur âge et leur condition. Tous me parurent des mieux disposés, n’ayant aucune intention de quitter l’île.

Je distribuai avec soin les secours, et leur conseillai de choisir quelques-uns d’entre eux pour recevoir le baril de pommes de terre, qui était alloué à chaque famille pour semence, outre les trois barils que je leur donnais pour se nourrir.

Enfin tout le monde prit part aux travaux nécessités par ce changement dans leur existence, et les