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UNE BALEINE

le chemin de ma demeure, enchanté de la perspective que j’entrevoyais.

Je passai une partie de la nuit éveillé, occupé à chercher parmi les livres de ma bibliothèque ceux qui pourraient me renseigner au sujet des baleines. Le seul que je pus trouver fut un vieil exemplaire de « Chambers Information for the People ». Il était dit dans ce volume qu’une baleine franche donne un baril d’huile par pied. Le capitaine m’avait appris que cette baleine avait 70 pieds de long, et qu’elle était de bonne race. Je calculai le tout de cinquante à soixante centins le gallon, puis, en homme heureux, je fumai une pipe, souris de satisfaction de ce bon coup de fortune, et je me couchai pour prendre un peu de repos, ne rêvant que de baleines depuis celle qui avait avalé Jonas, jusqu’à celle que je possédais maintenant.

De bonne heure le lendemain matin, j’étais rendu sur le quai, où une foule de gens étaient déjà rassemblés pour voir le cétacé. Plusieurs, ne se contentant pas de le regarder, étaient occupés à le dépecer, sur une élévation près du quai, où, à marée basse, on pouvait l’apercevoir sur presque toute sa longueur.

Les prix fabuleux qui couraient de bouche on bouche, quant à sa valeur, de la part de personnes qui disaient s’y connaître, engagèrent plusieurs spéculateurs à me faire des offres ; mais voyant que