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dans le vide sans s'appuyer sur les bases inébranlables de la Révélation. L'histoire, c'est avant tout les annales de la France catholique, gesta Deipcr Francos : on n'y doit toucher que d'une main piouso. Il n'est pas jusqu'à la poésie et au roman qui ne soient tenus au respect des vérités éternelles ; s'ils manquent à leur haute mission, qui est d'élever l'âme des foules au-dessus des misères présentes , ils deviennent une entreprise coupable . George Sand, Eugène Siie, Gustave Flaubert, Louis Bouilhet, Leconte de Lisle sont petits et mesquins dans leur insurrection, leurs luttes contre l'idéal religieux de nos pères : leur oeuvre s'en ressent jusque dans ses pro- fondeurs. Honoré de Balzac, Lamartine, Baudelaire lui- même ne sont si grands que parce qu'ils sont catholiques et qu'ils ne se sont pas contentés de « cette moralité qui ne s'appuie pas aux idées positives et religieuses, sans lesquelles toute moralité est une illusion ou un calcul » (1).

Une telle doctrine critique n'est pas très large, et, par bonheur, Barbey d'Aurevilly, en fait, y a dérogé assez souvent. Mais chez un cathoHque, conséquent avec ses principes purs et ne faisant pas la part de la fantaisie, elle s'explique et se légitime. Celui qui s'en rapproche aussi près que possible mérite la louange des représen- tants autorisés de l'orthodoxie romaine.

Tout compte fait, il reste que le romancier de V Ensor- celée, le critique des Prophètes du Passé a été, d'intention au moins, dans toute son œuvre depuis le jour de sa conversion, un catholique décidé et convaincu, un serviteur désintéressé et dévoué de l'Eglise. Il ne s'agit plus que de savoir quel a été, en réalité, ce catholicisme apparu tout à coup dans une conscience qui jusqu'alors

(1) Les Romanciers, p. 14. (Amyot, édileiir, 1865).