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En 1847, il adhère pleincmciU et sans restriction aux dogmes de l'absolutisme romain, comme il avait précé- demment fait retour aux conceptions de l'absolutisme aristocratique. A cette époque, il rédige la Revue du Monde Catholique, y fait l'apologie des Jésuites et applaudit à la chute de 1' « impie » Monarchie de Juillet. De 1848 à 1854, il affirme sa croyance dans les Prophètes du Passé et dans V Ensorcelée. Et, le 22 sep- tembre 1855, il écrit à son ami Trebutien, en parlant de son frère Léon : « Je lui ai appris que je n'étais plus un parleur creux de catholicisme et que la table sainte abandonnée avait revu le gardeur de pourceaux. » Le sacrifice est consommé ; la soumission est totale. Non pas ! Le * vieil homme » subsiste toujours, sous forme d'un gentilhomme très passionné et très jaloux de ses droits seigneuriaux. « Vous devez vous confesser le poing sur la hanche », lui disait Baudelaire.

Il ne faudrait pas croire, en effet, que la vie de Barbey d'Aurevilly, à dater de 1855, ait été exempte de désordres et doive être proposée en modèle aux âmes éprises de sainteté. Il a beau se réjouir, avec une humilité tout à fait sincère, de son retour d'enfant prodigue, il reste néanmoins à la merci des moindres bourrasques. Il a beau dire à Trebutien, en 1856 : « Soyons faibles... soyons passionnés... mais prions Dieu! » Je ne sais s'il prie Dieu ; mais c'est le Diable qui triomphe de Dieu assez fréquemment. Les passions avaient trop d'empire sur cette nature fougueuse pour se laisser endiguer ou contenir par la vertu de la « grâce agissante ». D'Aurevilly l'a lui-même avoué plus d'une fois, — en faisant sa con- fession d'un ton emphatique où il entrait sans doute un peu de « pose » et quelque désir d'étonner ses contem- porains, — lorsqu'il s'écriait : « Je mets mes passions au-