Page:Grelé - Jules Barbey d’Aurevilly, L’œuvre, 1904.djvu/117

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ridée de l'égalité entre trois religions (la catholique, la juive et la protestante) vis-à-vis do la civilisation du monde. C'est monstrueux en soi, il est vrai, qu'une pareille idée, mais c'est du monstrueux séculier. Dans la lettre du P. Gratry, où il larmoie sur les cahiers perdus de 1789, ce sont des larmes séculières qui coulent,

— des larmes un peu niaises, oui! mais séculières... Quand il parle, dans la même lettre, des deux démences du temps qu'il prend pour deux choses raisonnables : la liberté absolue, la liberté de M. de Girardin, et la paix incommulable et éternelle de l'abbé de Saint-Pierre, le P. Gratry n'est plus que M. Gratry, de la relig-ion poly- technique, mais non romaine » (1).

Ainsi, Barbey d'Aurevilly prend la place des prêtres qui, à son sens, ne connaissent plus leurs devoirs; il les excommunie et, s'arrogeant les pouvoirs qu'ils reçurent naguère, les condamne au nom de l'Eglise catholique. Tous les libéraux subissent le même sort. Seuls, les intransigeants en matière de dogme, les Jésuites surtout, sont couronnés de fleurs, exaltés bien au-delà de leurs mérites, et désignés comme les vrais soutiens du trône et de l'autel réunis.

En effet, parmi les groupes des défenseurs zélés de la Vérité catholique, il n'en est pas de plus « romain » que l'ordre des Jésuites. Il n'y a qu'à parcourir les annales de la célèbre Compagnie pour constater avec quel soin,

— plus politique que pieux peut-être, — elle entoure le Saint-Siège. Le palais du Vatican ne connaît aucun hôte à la fois plus habile et plus soumis. Les Jésuites donnent à la cour de Rome cet aspect cosmopolite et international

(1) Polémiques d'hier (Savine, 1889). Les deux Pères de la Paix, 31 juillet 186!) — p. 300 et suiv.

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