Page:Grelé - Jules Barbey d’Aurevilly, L’œuvre, 1904.djvu/132

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décision cl lioiiheur. Mais, avant 1S17. il uo stMiil)le pas qu'il en ait ou la notion cl on ail sonli lo besoin.

Ce n'est donc qu'après son retour au catholicisnii» (pio d'Aurevilly reprend ert'eclivenieiil racine au sol iialal. Par là, il ct^nsoniine sa récdiicilialidii avcM* le passe. Pendant près d'im (piarl de siiM-Jc. il s'est tiMiu volonlai- reinent à l'écart des inllucMices l<M-rieiuies,s()it qu'il vécût à Caen, soit qu'il fiil perdu dans l^iiis, soit mémo qu'il habitât le Cotenliii. De 1S21 à 1S47, Jules Barbey est déraciné. VOdc aux Tlwnnopylcs^ écrite pourtant sous le ciel de la Basse-Normandie que le jeune poète n'a jamais quittée jusqu'alors, n'est pas plus d'un Normand que d'un Méridional. Elle ne porte pas l'empreinte du sol où elle fut composée; elle n'a pas do pays. Un Casimir Delavigne, qui ne fut Normand que de naissance, ou un Guiraud, qui était proven{;al, — un versificateur quelconque eût pu la signer. Déjà le fils de Théophile Barbey n'a plus, à seize ans, aucun lien d'à me avec la terre de son berceau.

On s'étonne moins que la Normandie ne tienne point de place dans ses œuvres uUéiMeures. La poitrinaire Léa vit, délire et meurt près de Paris, comme elle pourrait vivre, délirer et mourir, n'importe où : en Italie, en Grèce ou même en Orient. ?]lle n'a d'état-civil nulle part: c'est une « désorbitée », — de même que son amant est un « désheuré ». Plus malheureuse encore est la pauvre Amaïdée, car elle a traîné ses débauches sur tous les points du globe et elle ne sait plus elle-même d'où elle est partie ; ce ne sont pas, du reste, ses confesseui's- nioralistes, Altaï et Somegod, qui lui feront retrouver ses papiers et sa patrie; ils sont, à cet égard, aussi perdus que la fille dévoyée; ils ont oublié leur origine dans l'ivresse de leurs fumeuses créations intellectuelles et